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Endocrinologie de la mise-bas

L'hormone dominante provoquant l’état de relaxation de la musculature utérine indispensable pour une gestation est la progestérone. Une mise-bas ne peut donc avoir lieu que lors de la suspension de l'effet de la progestérone. Il est important de se rappeler que le corps jaune n’est pas la principale source de progestérone durant toute la gestation chez toutes les espèces. En effet le placenta est à l’origine d’une sécrétion importante de progestérone chez certains animaux.

Fig. 1 - Persistence du corps jaune
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bleu
Durée de la gestation
jaune
Longévité du Corpus luteum graviditatis
rouge
Production de progestatif par le placenta
vert
Corps jaune accessoire (cheval)

Légende
Fig. 1

En produisant de la progestérone, le corps jaune de gestation (jaune) crée les conditions nécessaires et préalables au maintien de la gestation. Chez diverses espèces, le placenta (rouge) sera aussi capable d’assumer ce rôle et prendra la relève au cours de la gestation.

Chez les chevaux et les ovins, le placenta prend en charge la plus grande partie de la formation de la progestérone vers la fin de la gestation.
Chez les autres espèces, le corps jaune reste la principale source de progestérone durant toute la gestation. La lutéolyse sera donc la condition préalable à la mise-bas Environ un à deux jours avant celle-ci, le taux de progestérone dans le sang maternel retrouvera son niveau basal.
Chez les ovins et les chevaux, par contre, la progestéronémie reste relativement élevée.
A ce jour, il n'a pas été possible de déterminer de façon définitive quels processus déclenchent la lutéolyse. Toutefois, une relation de cause à effet entre la production de cortisol par le foetus et la lutéolyse est considérée comme établie.
À mesure que le foetus se développe, son cerveau libère de la corticolibérine (Corticotropin-Releasing-Hormon) qui va consécutivement stimuler la libération d'ACTH par l'hypophyse antérieure. L'ACTH va, à son tour, stimuler la production de cortisol dans le cortex surrénalien du foetus. Le glucocorticoïde foetal provoque à son tour la synthèse de prostaglandine F2α dans l'utérus. Celle-ci déclenche d'une part la lutéolyse et d'autre part stimule la musculature lisse de l'utérus en induisant l’expression de récepteurs d'ocytocine dans le myomètre.
Les études les plus approfondies sur cette interdépendance ont été effectuées chez le mouton. Le glucocorticoïde foetal provoque une augmentation de la concentration d'oestrogènes placentaires en convertissant la progestérone du placenta en oestrogènes via les androgènes. Il en résulte une augmentation du rapport oestrogène / progestérone. Ceci stimule l'activité de la phospholipase A qui, via l'acide arachidonique, conduit à la synthèse de la prostaglandine F2α.
Le myomètre ayant été ainsi préparé, les premières contractions se manifestent mais sans s'accompagner d'efforts de poussée (contractions abdominales). La pression intra-utérine augmentée pousse le foetus et ses enveloppes vers le col de l'utérus. L'irritation mécanique du col utérin entraîne, via le réflexe de Ferguson, la libération d'oxytocine par la neurohypophyse maternelle. Celle-ci se lie aux récepteurs du myomètre et déclenche les contractions expulsives.
En conclusion, on peut donc affirmer que la suppression de la dominance à la progestérone et ainsi le déclenchement de la mise-bas émanent de signaux provenant du foetus et non de la mère.