9.6 Foetopathies



Substances chimiques


Les substances tératogènes que la mère absorbe durant la grossesse peuvent avoir des effets nocifs sur le développement de l'embryon (7). Les médicaments et les polluants toxiques forment la plus grande classe de substances tératogènes. Après la catastrophe de la thalidomide, les malformations induites par des médicaments sont devenues très rares. Il faut néanmoins mettre en garde contre une consommation incontrôlée de médicaments durant la grossesse, car les interactions entre différents médicaments et l'embryon ne sont que peu connues. La tendance générale du recours à des thérapies alternatives, une phytothérapie à l'allure inoffensive comme le Ginko Biloba peut avoir des conséquences gravissimes sur le foetus en raison de la présence d'une grande concentration de la toxine colchicine (21), connue comme poison cellulaire.
Un rôle important revient aussi à l'alcool. Il est connu comme étant une substance tératogène assurée.


Voici les mécanismes possibles pour le syndrome éthylique foetal:
  • L'alcool induit la production de radicaux superoxidés qui oxydent la membrane cellulaire et peuvent ainsi provoquer une cytolyse.
  • Les cellules de la crête neurale sont perturbées dans leur migration.
  • L'alcool empêche directement l'adhésion des cellules.
Fig. 23 - Fréquence d'embryopathies liées à l'alcool  Légende
France
 0.3%           
  
Allemagne  
 0.3%           
Suède  
 0.16%           
Canadien d'origine indienne  
1%

Fig. 23
La fréquence annuelle des embryopathies liées à l'alcool dans différents pays, et leur gravité dépend du degré d'alcoolisme de la mère.


L'abus de nicotine durant la grossesse provoque des malformations surtout en cas de prédisposition génétique. La nicotine peut aussi être un neurotératogène. De plus, la nicotine a probablement une influence sur les vaisseaux placentaires, ayant à leur tour une influence négative sur l'alimentation du foetus.


Pour en savoir plus

L'expérimentation animale a permis de montrer que la nicotine est un neurotératogène. Elle dérègle divers récepteurs spécifiques de neurotransmetteurs dans le cerveau, modifiant ainsi leur activité. Etant donné qu'il existe un lien étroit entre le système cholinergique et catécholaminergique dans le cerveau, la nicotine a un effet sur plusieurs systèmes de neurotransmetteurs. Elle n'a donc pas seulement une influence momentanée sur le développement du cerveau foetal, mais également sur la programmation débutante de systèmes entiers de neurotransmetteurs. Ces modifications n'ont pas uniquement lieu dans le SNC (système nerveux central), elles atteignent aussi le système nerveux autonome périphérique. Ce fait a pour conséquence qu'en raison du manque de réaction face à l'hypoxie, le cerveau subit rétroactivement des dommages hypoxiques. Il est probable qu'une partie des syndromes de mort subite du nouveau né SIDS (sudden infant death syndrome) et des difficultés périnatales soient imputables à ce mécanisme (18).



Mis à part les substances chimiques précitées, notre société produit sans cesse de nouvelles molécules chimiques (200-500 substances) (21), utilisées dans la fabrication des pesticides, cosmétiques, etc. Pour beaucoup de ces substances, il n'y a pas de données fiables relatives à leur toxicité.


Pour en savoir plus

Il n'existe probablement pas de plus grande controverse en toxicologie environnementale que celle consistant à débattre du rôle des pesticides sur l'incidence du cancer du sein, sur le recul du nombre de spermatozoïdes chez la population masculine, voire même sur l' augmentation du taux de malformations chez les animaux sauvages.
D'autres études sont nécessaires pour analyser l'ampleur et les conséquences de la pollution actuelle de l'environnement. C'est grâce à l'évolution de la recherche en biologie moléculaire qu'il sera possible de comprendre les mécanismes précis de cette pollution probablement déjà avancée, et d'en corriger les effets néfastes pour sauver notre environnement.



Il ne suffit pas d'incriminer la toxicité éventuelle de nouvelles substances, mais aussi la prise excessive de substances nécessaires à la vie, telles que la vitamine A. On sait que la vitamine A peut mener à des dégâts pour l'embryon, respectivement le foetus, si elle est prise de manière excessive durant la grossesse. Elle est employée, en raison de son efficacité, pour le traitement de l'acné aigu (Roaccutane ®) et peut porter préjudice au développement de l'enfant au cas d'une grossesse imprévue (19).


Pour en savoir plus

Voici une liste des malformations possibles en cas d'une prise excessive d'acide rétinoïque (vitamine A) durant la grossesse:

  • oreilles manquantes ou malformées
  • mâchoire manquante ou trop petite
  • troubles dans la formation de la mâchoire (mâchoire fendue)
  • troubles dans la formation de l'arc aortique
  • thymus manquant
  • malformations du SNC



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